Aux origines de la Fédération
L’idée de réunir les nombreuses sociétés s’occupant d’étudier l’histoire locale et régionale de l’Ile-de-France apparaît dès 1914 mais la Première Guerre mondiale met le projet en veille. C’est en 1924 qu’Henri Martin, bibliothécaire à l’Arsenal, et Paul Jarry, membre de la Commission du Vieux Paris, relancent le projet de fédération, sous l’égide de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, créée en 1874. Excursions et colloques se tiennent régulièrement. En 1937, dans le cadre de l’exposition universelle, un congrès rassemble 38 sociétés franciliennes. Cependant, la Seconde Guerre mondiale met à nouveau un terme à ces initiatives et à la construction stable d’une fédération.
C’est en 1949 qu’André Lesort, archiviste de Seine-et-Oise, dépose à la Préfecture de Paris les statuts de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Ile-de-France. Depuis plus de 75 ans, elle assure ses missions de coordination, d’échange et d’aide à toutes les associations et sociétés historiques d’Île-de-France.
André Lesort, premier président de la Fédération (1949-1960)
Une brillante carrière d’archiviste
André Lesort naquit à Rouen le 4 janvier 1876. Il fut reçu à l’Ecole des Chartes où il obtint en 1899 le diplôme d’archiviste paléographe. D’abord affecté aux archives de Cambrai, il fut nommé dès 1900 archiviste départemental de la Meuse puis, en 1905, de l’Ille-et-Vilaine. En 1912, il prit la tête des archives de Seine-et-Oise. La Première Guerre mondiale déclarée, il fut intégré au service de santé des armées, d’abord comme infirmier puis directeur d’hôpital militaire. C’est là qu’il élabora un plan de conservation des archives médicales toujours en vigueur. Revenu à son cher Versailles en 1918, il couronnait sa carrière en 1929 par la direction des archives de la Seine.
Un érudit investi dans les sociétés savantes
« Il avait le goût de la parole et – c’est un avantage – une certaine inclination pour des fonctions où il savait pouvoir donner la mesure de son dévouement sans qu’aucune idée de vanité, encore moins de brigue, vint s’y mêler. » (J. de la Monneraye). Membre de diverses sociétés savantes (Commission du Vieux Paris, Académie de Versailles, Société historique et archéologique de Pontoise, Le Vieux papier, Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, etc.), André Lesort en devint le plus souvent administrateur ou président.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]
Le fondateur de la Fédération
En 1949, à la tête de la société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, il relançait le projet d’une fédération francilienne — conçu dès 1914 mais jamais finalisé — et en déposait les statuts à la Préfecture de Police. Sa longue carrière d’archiviste et ses participations multiples aux réseaux historiens de la région l’avaient convaincu de la nécessité d’une institution qui permît la liaison entre les chercheurs et la valorisation de leurs travaux. Il devait présider avec efficacité aux destinées de la Fédération jusqu’à sa mort le 26 janvier 1960.
Pour en savoir plus :
Famille Lesort-Madelin : blog de la famille Lesort-Madelin.
Bataillon Marcel, « Éloge funèbre de M. André Lesort, correspondant français de l’Académie », in Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1960, Volume 104, no 1, p. 63-64.
Baudot Marcel, « André Lesort », in Bibliothèque de l’École des Chartes, 1960, tome 118, p. 304-307.
Henry de Surirey de Saint-Rémy, deuxième président de la Fédération (1960-1972)

Une carrière parisienne.
Henry de Surirey de Saint Remy présida la Fédération de 1960 à 1972, après avoir assuré le secrétariat depuis sa création en 1949. Né le 16 octobre 1908, à Saint-Nicolas-du-Port, il était issu d’une famille anoblie par charge.
A la suite de sa licence d’histoire, il entra en 1933 à l’École nationale des chartes et en sortit archiviste-paléographe, après avoir soutenu une thèse remarquée sur Jean II de Bourbon.
De 1937 à 1947, il fut archiviste aux Archives nationales. Il entra en 1947 au service de la Préfecture de la Seine comme Conservateur adjoint à la Bibliothèque historique de la Ville, alors installée rue de Sévigné. Dès lors, et jusqu’à sa retraite, sa carrière se confondit avec le destin de cet établissement, d’abord sous la direction de Jean de La Monneraye, puis comme premier responsable à partir du 1er octobre 1953 et jusqu’au 1er août 1974. Il en avait été nommé conservateur en chef en 1955. Dans le cadre de ses attributions, il encouragea l’inventaire des collections, la rédaction d’un nouveau catalogue des manuscrits. Il joua un rôle important au sein de la Commission des travaux historiques de la Ville de Paris. A l’occasion de diverses expositions et du Festival du Marais, il collabora aux catalogues et programmes de ces manifestations. Car l’histoire de Paris était au cœur de ses préoccupations.
Au service de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France
C’est comme animateur de la Société d’histoire et d’archéologie de Paris et de l’Ile-de-France qu’il joua, pendant un quart de siècle, un rôle de premier plan. De 1947 à 1962, il en fut successivement le Secrétaire adjoint, le Vice-président puis le Président de 1962 à 1965. En 1949, André Lesort l’associa à l’aventure de la (re)création de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Ile-de-France. Il en assura le secrétariat puis succéda à André Lesort en 1960. Il s’attacha particulièrement à rassembler le plus grand nombre de ces associations vouées au passé de la capitale et de sa région. Du groupe initial de 19, on était passé à 50 en 1972.
Mais c’est aux publications de la Fédération qu’il a apporté, tout au long de ces années, un intérêt soutenu. Il examinait soigneusement les propositions de contributions, lisait minutieusement tous les manuscrits, discutait longuement avec les auteurs, attachant un soin tout particulier à la présentation matérielle et à l’appareil critique de chaque article. Attentif à établir des contacts entre les membres des société fédérées et à la mise en valeur du patrimoine francilien, il prit l’initiative d’excursions annuelles.
Dès 1966, en collaboration avec la Société d’histoire du droit, il avait associé les fédérés à un colloque d’histoire du droit parisien, premier essai de rencontres consacrées à l’histoire de l’Ile-de-France.
Ayant souhaité, à la fin de 1972, abandonner les responsabilités de la Présidence, il continua, comme Président d’honneur, à participer activement à la vie de la Fédération, assistant régulièrement aux réunions du Bureau ou de la Commission de publication, aux Assemblées générales et aux “Journées des présidents”, ainsi qu’aux colloques d’histoire régionale organisés tous les trois ans depuis 1974. Il est mort le 22 décembre 1994.
(extraits de la notice chronologique rédigée par Jean Jacquart et Béatrix de Buffévent dans les Mémoires de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Ile-de-France, tome 46, 1995).
Pour en savoir plus :
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1996_num_154_2_450841
Jean Jacquart, troisième président de la Fédération (1972-1998)

Historien de la modernité et de la ruralité
Né le 16 octobre 1928 à Paris, Jean Jacquart entra en 1947 à l’École normale supérieure de Saint-Cloud et en sortit agrégé d’histoire en 1951. Il soutint en 1971, une thèse d’État sur les paysans du Hurepoix dans la première modernité ; maître-assistant à Besançon, il devint en 1973 Professeur d’histoire moderne à l’Université d’Amiens puis arriva à l’Université de Paris I en 1976, où il accomplit l’essentiel de sa carrière d’enseignant-chercheur. Sous sa direction ont été produites de grands mémoires et thèses d’histoire rurale et moderne qui font référence aujourd’hui.
Un quart de siècle à la tête de la Fédération
Avec Jean Jacquart, la Fédération connut un développement sans précédent. Au cours de son quart de siècle de présidence, les effectifs de la Fédération atteignirent les quatre-vingts bientôt quatre-vingt-dix sociétés. Il initia la Journée des présidents, traditionnellement réunie dans une mairie d’arrondissement de la capitale, temps d’échange tenant lieu à la fois de Conseil d’administration de la Fédération et de temps de réflexion sur les grandes questions touchant au fonctionnement des sociétés. Les excursions, organisées chaque année en juin par une société francilienne différente, rassemblèrent souvent plus d’une centaine de participants autour de visite d’un site ou d’un haut lieu du patrimoine francilien. Il définit durablement l’organisation des colloques d’histoire régionale de la Fédération portant sur une thématique fédératrice. L’événement soigneusement préparé les deux années précédentes par la publication d’instruments de travail, réunit à Paris ou dans une ville de la région, chercheurs locaux et spécialistes internationaux de la thématique. Les actes du colloque sont publiés dans les Mémoires Paris-Ile-de-France. Parmi les grands colloques de l’ère Jacquart, on peut citer : La vigne et le vin en Île-de-France (Suresnes, octobre 1983), sous la présidence de Marcel Lachiver ; La Révolution en Île-de-France (Versailles, avril 1989), avec notamment une conférence de Michel Vovelle ; Abbayes et prieurés, communautés religieuses en Île-de-France (Saint-Denis, janvier 1996), ouvert par une conférence de Michel Mollat.
Jean Jacquart mit un point d’honneur à rendre visite au moins une fois à l’intégralité des sociétés de la Fédération, assistant à une séance où il prononçait généralement une conférence sur un de ses sujets favoris d’histoire rurale moderne ou sur un thème d’actualité. Sa trop précoce et brutale disparition, au lendemain de Noël 1998, laissa un grand vide.
Pour en savoir plus :
In Memoriam Jean Jacquart, par Nicole Lemaître, in Histoire & Sociétés Rurales,1999, 11, pp. 147-152 : https://www.persee.fr/doc/hsr_1254-728x_1999_num_11_1_1089
Jean Jacquart : un serviteur de l’Histoire, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2023 : https://books.openedition.org/cths/17956

