Chroniques de Morigny (1060-1150). Editées, complétées, traduites du latin et annotées par Bernard Gineste. Mémoire de la SHAEH, n°XXVI, 2024 Vers l’an 1060, un noble chevalier du pays d’Etampes installe dans l’un puis dans deux de ses domaines une petite colonie de moines venus de Picardie. Ce petit prieuré devient la génération suivante un monastère indépendant à l’histoire tourmentée, dans un secteur où l’autorité royale elle-même peine à se faire respecter. C’est l’abbaye de la Sainte-Trinité de Morigny. À partir de 1096, le départ en croisade de nombreux chevaliers parmi les plus rétifs permet à Philippe Ier et à son fils le futur Louis VI de reprendre pied dans le pays d’Etampes. Il rachète au chef des rebelles le fief de Morigny où s’élève le monastère, et il s’appuie sur ses moines pour lutter contre l’influence du clergé local. Ce clergé marié en effet est constitué surtout de fils cadets de chevaliers et de leurs descendants, formant deux collèges de chacun douze chanoines, en qui le roi n’a aucune confiance. Il n’hésite pas à leur enlever la plus grosse paroisse d’Etampes pour la donner aux moines. L’affaire dure une quarantaine d’années d’esclandres continues et parfois pittoresques. Après les brèves chroniques de Renaud et de Thiou, cette dernière étant malheureusement presque entièrement perdue, vient celle de l’abbé Thomas, qui est une œuvre majeure de la littérature médiévale. Il s’agit avant tout pour qui sait la lire, d’une autobiographie. La chronique suivante, due à son ami d’enfance Garin le Blanc, n’est d’ailleurs en fait, pour l’essentiel, que sa continuation posthume. On y découvre une personnalité parfois irritante, mais toujours attachante. Homme cultivé, intelligent et sensible, arraché à ses chères études par le devoir d’aider ses frères, énergique et fragile, humble et vaniteux à la fois, pieux et ambitieux, cupide non pour lui-même mais pour Dieu, sujet au découragement, il est amené trente années durant à rencontrer le roi ou ses ministres, évêques, archevêques, cardinaux et papes, et nobles de toutes sortes dont certains ne connaissent que le langage de la force. Pendant trente ans, il fera front noblement, face aux complots des uns et aux coups de force des autres, avant d’être brisé par la dépression et de connaître le naufrage d’une vieillesse pleine d’aigreur. En complément à ces Chroniques, on trouvera une cinquantaine de documents de toutes sortes et de la même époque qui sont autant de tranches de vie de ces moines. Ils nous font connaître leur vie concrète autant que leur préoccupations spirituelles. On y découvre incidemment d’autres personnalités saillantes qui s’étaient formées à Morigny comme Thiou, ensuite abbé de Saint-Crépin de Soissons, et Eudes, plus tard abbé de Saint-Rémi de Reims. Cet ouvrage de Bernard Gineste est publié par la Société historique et archéologique de l’Essonne et du Hurepoix avec le concours de la Direction régionale des affaires culturelles de l’Île-de-France, ainsi que du Conseil départemental de l’Essonne. Nb. Texte de la 4e de couverture. Contact : https://www.sha-essonne-hurepoix.fr/